Découvrez la fable Les Poissons et Le Cormoran de Jean de La Fontaine tirée du recueil Fables de La Fontaine en eBook gratuit, ePub, pdf, vidéo et écoute audio. Retrouvez cette œuvre parue au 17ème siècle, illustrant le courant du Classicisme, en lecture libre, texte et image à télécharger du fabuliste.
Auteur | Jean de La Fontaine |
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Recueil | Fables de La Fontaine |
Genre | Fable |
Courant | Classicisme |
Siècle de parution | 17ème siècle |
La vidéo
Le texte
Les Poissons et Le Cormoran
IL n’était point d’étang dans tout le voisinage
Qu’un Cormoran n’eût mis à contribution.
Viviers et réservoirs lui payaient pension :
Sa cuisine allait bien ; mais lorsque le long âge
Eut glacé le pauvre animal,
La même cuisine alla mal.
Tout Cormoran se sert de pourvoyeur lui-même.
Le nôtre un peu trop vieux pour voir au fond des eaux,
N’ayant ni filets ni réseaux,
Souffrait une disette extrême.
Que fit-il ? Le besoin, docteur en stratagème,
Lui fournit celui-ci. Sur le bord d’un Étang
Cormoran vit une Écrevisse.
Ma commère, dit-il, allez tout à l’instant
Porter un avis important
À ce peuple ; Il faut qu’il périsse :
Le maître de ce lieu dans huit jours pêchera :
L’Écrevisse en hâte s’en va
Conter le cas : grande est l’émute.
On court, on s’assemble, on députe
À l’oiseau, Seigneur Cormoran,
D’où vous vient cet avis ? quel est votre garant ?
Êtes-vous sûr de cette affaire ?
N’y savez-vous remède ? et qu’est-il bon de faire ?
Changer de lieu, dit-il. Comment le ferons-nous ?
N’en soyez point en soin : je vous porterai tous
L’un après l’autre en ma retraite.
Nul que Dieu seul et moi n’en connaît les chemins,
Il n’est demeure plus secrète.
Un Vivier que nature y creusa de ses mains,
Inconnu des traîtres humains,
Sauvera votre république.
On le crut. Le peuple aquatique
L’un après l’autre fut porté
Sous ce rocher peu fréquenté.
Là Cormoran le bon apôtre
Les ayant mis en un endroit
Transparent, peu creux, fort étroit,
Vous les prenait sans peine, un jour l’un, un jour l’autre.
Il leur apprit à leurs dépens,
Que l’on ne doit jamais avoir de confiance
En ceux qui sont mangeurs de gens.
Ils y perdirent peu ; puisque l’humaine engeance
En aurait aussi bien croqué sa bonne part ;
Qu’importe qui vous mange ? homme ou loup ; toute panse
Me paraît une à cet égard ;
Un jour plutôt, un jour plus tard,
Ce n’est pas grande différence.
Jean de La Fontaine, Fables de La Fontaine