Découvrez la fable Le Chat et Un Vieux Rat de Jean de La Fontaine tirée du recueil Fables de La Fontaine en eBook gratuit, ePub, pdf, vidéo et écoute audio. Retrouvez cette œuvre parue au 17ème siècle, illustrant le courant du Classicisme, en lecture libre, texte et image à télécharger du fabuliste.
Auteur | Jean de La Fontaine |
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Recueil | Fables de La Fontaine |
Genre | Fable |
Courant | Classicisme |
Siècle de parution | 17ème siècle |
La vidéo
Le texte
Le Chat et Un Vieux Rat
I’Ai lu chez un conteur de Fables,
Qu’un second Rodilard, l’Alexandre des Chats,
L’Attila, le fléau des Rats,
Rendait ces derniers misérables.
J’ai lu, dis-je, en certain Auteur,
Que ce Chat exterminateur,
Vrai Cerbère, était craint une lieue à la ronde ;
Il voulait de Souris dépeupler tout le monde.
Les planches qu’on suspend sur un léger appui,
La mort aux Rats, les Souricières,
N’étaient que jeux au prix de lui.
Comme il voit que dans leurs tanières
Les Souris étaient prisonnières ;
Qu’elles n’osaient sortir ; qu’il avait beau chercher ;
Le galant fait le mort ; et du haut d’un plancher
Se pend la tête en bas. La bête scélérate
À de certains cordons se tenait par la patte.
Le peuple des Souris croit que c’est châtiment ;
Qu’il a fait un larcin de rôt ou de fromage,
Égratigné quelqu’un, causé quelque dommage :
Enfin qu’on a pendu le mauvais garnement.
Toutes, dis-je, unanimement
Se promettent de rire à son enterrement ;
Mettent le nez à l’air, montrent un peu la tête ;
Puis rentrent dans leurs nids à rats ;
Puis ressortant font quatre pas ;
Puis enfin se mettent en quête.
Mais voici bien une autre fête.
Le pendu ressuscite ; et sur ses pieds tombant
Attrape les plus paresseuses.
Nous en savons plus d’un, dit-il en les gobant :
C’est tour de vieille guerre ; et vos cavernes creuses
Ne vous sauveront pas ; je vous en avertis ;
Vous viendrez toutes au logis.
Il prophétisait vrai ; notre maître Mitis
Pour la seconde fois les trompe et les affine ;
Blanchit sa robe, et s’enfarine ;
Et de la sorte déguisé
Se niche et se blottit dans une huche ouverte :
Ce fut à lui bien avisé :
La gent trotte-menu s’en vient chercher sa perte.
Un Rat sans plus s’abstient d’aller flairer autour.
C’était un vieux routier ; il savait plus d’un tour ;
Même il avait perdu sa queue à la bataille.
Ce bloc enfariné ne me dit rien qui vaille,
S’écria-t-il de loin au Général des Chats.
Je soupçonne dessous encor quelque machine.
Rien ne te sert d’être farine ;
Car quand tu serais sac je n’approcherais pas.
C’était bien dit à lui ; j’approuve sa prudence.
Il était expérimenté ;
Et savait que la méfiance
Est mère de la sûreté.
Jean de La Fontaine, Fables de La Fontaine