Découvrez le poème Le Beau Navire de Charles Baudelaire extrait du recueil de poésie Les Fleurs du Mal en eBook gratuit, ePub, pdf, vidéo et écoute audio. Retrouvez cette œuvre parue au 19ème siècle, illustrant les courants du Parnasse et du Symbolisme, en lecture libre, texte et image à télécharger du poète.
Auteur | Charles Baudelaire |
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Recueil | Les Fleurs du Mal |
Genre | Poésie |
Courant | Parnasse, Symbolisme |
Siècle de parution | 19ème siècle |
La vidéo
Le texte
Le Beau Navire
Je veux te raconter, ô molle enchanteresse,
Les diverses beautés qui parent ta jeunesse ;
Je veux te peindre ta beauté,
Où l’enfance s’allie à la maturité.
Quand tu vas balayant l’air de ta jupe large,
Tu fais l’effet d’un beau vaisseau qui prend le large,
Chargé de toile, et va roulant
Suivant un rythme doux, et paresseux, et lent.
Sur ton cou large et rond, sur tes épaules grasses,
Ta tête se pavane avec d’étranges grâces ;
D’un air placide et triomphant
Tu passes ton chemin, majestueuse enfant.
Je veux te raconter, ô molle enchanteresse,
Les diverses beautés qui parent ta jeunesse ;
Je veux te peindre ta beauté
Où l’enfance s’allie à la maturité.
Ta gorge qui s’avance et qui pousse la moire,
Ta gorge triomphante est une belle armoire
Dont les panneaux bombés et clairs
Comme les boucliers accrochent des éclairs ;
Boucliers provoquants, armés de pointes roses !
Armoire à doux secrets, pleine de bonnes choses,
De vins, de parfums, de liqueurs
Qui feraient délirer les cerveaux et les cœurs !
Quand tu vas balayant l’air de ta jupe large,
Tu fais l’effet d’un beau vaisseau qui prend le large,
Chargé de toile, et va roulant
Suivant un rythme doux, et paresseux, et lent.
Tes nobles jambes sous les volants qu’elles chassent
Tourmentent les désirs obscurs et les agacent,
Comme deux sorcières qui font
Tourner un philtre noir dans un vase profond.
Tes bras qui se joueraient des précoces hercules
Sont des boas luisants les solides émules,
Faits pour serrer obstinément,
Comme pour l’imprimer dans ton cœur, ton amant.
Sur ton cou large et rond, sur tes épaules grasses,
Ta tête se pavane avec d’étranges grâces ;
D’un air placide et triomphant
Tu passes ton chemin, majestueuse enfant.
Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal